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Boa Vista, un bout de Sahara perdu sur l’Atlantique

Notre première journée au mouillage de Boa Vista nous sert à prendre un repos bien mérité après une navigation de 90 miles « au près » (= 45° du vent) en provenance de l’île de Sao Nicolau. Nous jetons l’ancre à ½ mile de la plage de Carlota dans une eau très peu profonde (2-3m). Depuis le début de notre voyage en voilier, nous avons l’habitude de mouiller (jeter l’ancre) dans des eaux bien plus profondes (6 à 10 mètres). La chaîne se déroule à l’aide d’un guindeau motorisé, qui peut envoyer jusqu’à 70 mètres de chaîne. Nous avons pris l’habitude d’installer (après vérification que l’ancre soit bien accrochée) une protection faite d’une sorte de « fourchette » et de deux amarres. Ce système permet de soulager la tension de la chaîne sur le guindeau et de répartir la traction sur les deux amarres attachées sur bâbord et sur tribord. Toutes ces explications techniques pour vous conter l’anecdote suivante : le 21 janvier, vers 11h, nous entendons un coup sourd, en provenance de l’avant du bateau (la proue), ressemblant méchamment à une collision. On fonce sur le pont et découvrons qu’une amarre a cédé face à la pression du vent, de la houle et bien sûr de l’usure. De plus, l’ancre se situant à 25-30 mètres du bateau et à seulement 2 mètres de profondeur, l’angle formé par la chaîne en tension, est mauvais et déroule automatiquement plus de chaîne !

Schéma de notre situation « précaire »

Il faut agir vite et réparer cette protection. On coupe un bout de « l’écoute de génois » (la corde servant à dérouler la voile avant) et nous nous empressons de bloquer le déroulement automatique de la chaîne avec un cordage. Nathalia s’empare de la fourchette et du cordage préparé par Patrice et moi, et fait un magnifique « nœud de chaise » avant de remettre la protection en place. Au même moment, le bateau reçoit une vague par l’arrière et la seconde amarre lâche dans un claquement violent ! Rebelote pour la manipulation. Puis, après mise en place et réglage de la protection, il ne nous reste plus qu’à changer l’écoute de génois ! Ouf, nous voilà à nouveau tranquilles dans ce mouillage plutôt coriace au premier abord.

Visite épineuse et SUP

Mis à part ces aventures nautiques, nous tombons sous le charme de l’île de Boa Vista instantanément. Elle est principalement constituée de dunes de sable, provenant grâce au vent, directement du désert du Sahara. De plus, elle est dotée de sublimes plages et de villes calmes et sympathiques. Nous visitons la ville de Sal Rei et son îlot désert voisin du même nom. A notre surprise, cette île était saupoudrée de déchets en tout genre, provenant de la ville (en résumé : beau de loin mais loin d’être beau). Elle nous a aussi montré son hostilité lors de notre tentative de balade, au milieu d’un labyrinthe d’arbustes, remplis de boules aux longues épines qui s’enfonçaient dans nos semelles. Nous profitons évidemment tous les jours de nous baigner dans une eau fraîche et couleur émeraude, tout en admirant les véliplanchistes et kitesurfeurs. Après une semaine à envier ces sportifs « aquatiques », nous louons avec Nathalia un SUP (stand up paddle) et partons à la chasse aux tortues (façon de parler bien sûr!). Nous en verrons dans la journée une dizaine, et cela malgré le fait, que ce ne soit pas « la saison ». Il était temps, car depuis le bateau nous avions pris l’habitude d’en voir dans quasiment toutes les îles où nous étions passés. De plus, Boa Vista a la réputation d’être l’île la plus appréciée des tortues marines.

Une Russe, un Capverdien et un 4x4 pour une excellente aprem de visite

Le 30 janvier nous partons explorer le sud de l’île avec en ligne de mire la plage de Santa Monica, réputée pour être l’une des plus belles plages du Cap Vert. On observe notre carte de l’île, en remarquant les différentes couleurs indiquant les types de route (sans légende bien sûr). La route orange se transforme en jaune puis en gris. A première vue, il serait possible de prendre un « aluguer » de Sal Rei à Povação Velha (route orange et jaune). Puis de marcher les derniers kilomètres jusqu’à notre Eden sablonneux. Ce que nous faisons… Arrivés à Povação, on découvre le village qui se résume à trois petites rues et une place centrale. Nous sympathisons avec deux Sénégalais qui nous indiquent la route pour la plage. Tout droit et au cimetière à gauche… Nous commençons à marcher au beau milieu de nul part, en calculant mentalement le temps qu’il nous faudra pour parcourir les 8 kilomètres, qui nous séparent de la plage, puis à imaginer une manière de retourner à la « civilisation », avant la tombée de la nuit. La route est très mauvaise et l’on apprend que plus personne ne l’emprunte… Le timing « limite » et la motivation faible, nous font finalement rebrousser chemin et atterrir dans un bistrot de Povação, à discuter avec Victoria, une Russe vivant en Angleterre et amourachée depuis peu d’un Capverdien massif. Cette dernière souhaite elle aussi visiter la fameuse plage, et son copain se charge de l’organisation. Il faut savoir que les visites sur Boa Vista sont CHERES et qu’il est très difficile de les faire par soi-même. Nous sautons sur l’occasion et pour 1’000 Escudos (9 euros) nous passons l’aprèm à visiter le Sud en 4×4 accompagnés de nos nouveaux amis du jour. La plage de Santa Monica est sublime, déserte, sauvage, et nous passons un bon moment à profiter des grandes vagues qui s’abattent sur un des sables les plus fins que nos pieds ont eu la chance de fouler. Après cette bonne baignade, l’ami chauffeur nous propose de longer la côte et de visiter d’autres lieux à ne pas manquer. Nous empruntons à toute berzingue des pistes de sable et de terre où résonnent au détour d’un virage les cris de Nathalia et Victoria. Nous nous rendons à la plage de Ferrapa, où nous découvrons un groupe d’une vingtaine de quads faisant le même tour que nous, pour une centaine d’euros par véhicule de location ! Nous continuons notre route en faisant la course avec eux et en arrivant à Varandinha. Jolie plage ayant la particularité d’être longée par de longs rochers formant des grottes. On continue notre tournée, et arrivons en plein désert Saharien. De grandes dunes de sable n’attendent que nous pour les escalader et les dévaler à toute vitesse. Après révision de mes faibles connaissances « gymnasiales » : salto avant, arrière, barani, etc. nous reprenons la route jusqu’à Povação Velha. Il est 17h, un « aluguer » devrait venir à 18h pour nous ramener tôt au bateau. On enchaîne quelques parties de babyfoot et descendons quelques bières. La nuit commence à tomber sans aucune trace d’ »aluguer »… La bière se transforme en ponch (alcool de mélasse de canne à sucre) et toujours aucune trace de notre bus de retour. Il fait nuit, on continue de nous assurer que l’ »aluguer » de 18h viendra alors qu’il est 19h30. Nous sommes dans ce bar (Santo Antonio) avec tous les hommes du village, et on nous apporte 4 poissons frits pour nous sustenter. Finalement, à 20h « le bus de 18h » part et traverse la piste nous ramenant à Sal Rei dans une ambiance « reggae night ». Arrivés en ville nous saluons et remercions nos amis et fonçons retrouver notre annexe laissée sur la plage. Nous avions prévenu Michèle et Patrice que nous rentrerions en fin d’aprèm et il est 20h30. Nous voyons Patrice, Michèle et nos charmants nouveaux voisins de mouillage (Catel & Nicolas de Bretagne) apeurés sur la plage. A quelques minutes près, ils allaient signaler notre disparition à la police. Nous racontons notre « traquenard » du jour et finissons les six dans un bon restaurant de la ville.

L’heure de la chasse a sonné

Le lendemain, Nicolas invite Nathalia et moi à l’accompagner chasser. Offre que nous ne pouvons refuser, vu notre envie d’apprentissage complet de la vie en mer et en autonomie. Au matin, nous embarquons à bord de son zodiac pour débusquer de la poiscaille ! A tour de rôle, nous tentons de trouver des poissons de taille convenable et peu attentifs à notre harpon acéré. Nicolas réussira à ramener deux beaux spécimens de poissons perroquets. Quant à nous, nous réussirons à ne pas nous faire bouffer par les requins du coin (succès donc :)). De retour au bateau, il nous apprendra à écailler et vider les bêtes afin de parfaire notre formation d’apprentis pêcheurs. Merci à Nicolas et Catel pour leur gentillesse et leur envie de partager, avec des bleus, leurs expériences et connaissances intéressantes.

Les derniers jours sur l’île nous permettent de passer du temps à l’eau, à la plage et dans les diverses dunes de la côte ouest. Nous marchons le long du rivage et « visitons » une ancienne usine de clés en ruine à la hauteur du village de Rabil. Sur la route du retour, nous passons devant un « resort » GIGANTESQUE au style architectural oriental. L’envie d’aller voir est trop forte, et en quelques instants, nous voilà à barboter dans une piscine de luxe de cet hôtel 5 étoiles ! On cache nos bras dans l’eau pour ne pas nous faire repérer par le staff (les résidents ont tous un bracelet leur permettant de vivre des vacances ALL INCLUSIVES) et profitons de ce moment de luxe total, avant de nous remettre en route vers notre maison flottante. Le 3 février, nous mettons les voiles plein Sud pour naviguer jusqu’à l’avant-dernière île de notre découverte du Cap Vert, j’ai nommé la petite île de Maio. Une navigation tranquille de 66 miles, qui nous prendra la journée complète.

Vincent Weil

Jeune diplômé en management et tourisme à la HES-SO de Sierre en Suisse, je suis avant tout un voyageur insatiable. Mon rêve est de voyager à travers le monde paisiblement, au gré des envies et des rencontres afin de vivre de belles expériences. J'aime photographier et filmer nos aventures afin de concocter des vidéos pour ma chaîne Youtube/vincentweil et partager en récits et photos nos expériences sur notre blog de voyage Take-Me-Everywhere.com

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