The departure and the waves

La traversée des îles Canaries au Cap Vert

Disons que les conditions météos de départ n’étaient pas idéales, mais Patrice à étudié la question sous tous les angles afin que l’on ait du vent pour un maximum de milles. On commence fort cet article avec une vidéo de notre traversé et un style d’écriture un poil différent. Ce sont plutôt des extraits tiré de nos carnets de bord.

El Hierro, îles Canaries, 21 décembre

Nathalia : Le 21 décembre je me réveille à 2h du matin en entendant les bourrasques de vent qui nous passent sur la tête. J’avais mis ma polaire à sécher sur une filière et cette dernière était déjà loin en direction du Cap Vert. Elle a voulu prendre de l’avance sur Mindelo. A 9h du matin c’est l’heure du départ. La tension est bien présente car la houle entre dans le port et rend un peu plus difficile notre sortie de la jolie Marina de La Restinga. Ce n’est pas sans un gros pincement au cœur que nous laissons derrière nous les îles Canaries qui nous ont envoutées et marquerons pour toujours nos débuts dans la navigation.

Vincent : Destination le Cap Blanc à 409mn (milles nautiques). Sorti du port on déroule le génois et on commence à avancer à une très bonne vitesse (6-8 nœuds avec quelques pointes à 10 nœuds). Natha ne se sent pas très bien et s’allonge un peu. On remonte les par battages au plus vite. L’annexe commence à s’envoler à droite et à gauche. On réalise que la sangle de maintient n’est pas assez serrée. On rectifie cela, puis j’aide Patrice à hisser l’artimon. L’île d’El Hierro disparaît peu à peu et on mange une petite ratatouille pour tasser notre ventre face à la houle d’alizés de 3 bons mètres. Nous croisons un premier cargo de 190m de longueur qui passe à un demi mille nautique. Deux voiliers apparaissent sur l’AIS mais ne sont pas visibles à cause des vagues. Le vent annoncé pour la journée devait venir du Nord-Est mais est rapidement passé à du Est voir légèrement Est-Sud-Est. Cela ne nous arrange pas pour rejoindre le Sénégal mais on continu d’avancer. Natha tente de boire un maté qui ressort aussitôt par dessus bord. En soirée nous remettons une couche de ratatouille froide au coucher du soleil avant de nous mettre au lit vers 19h30. On sent bien les vagues néanmoins le sommeil arrive rapidement après avoir réparer à coup de scotch notre armoire défectueuse.

J-2, 22 décembre 2015

Vincent : Minuit, je prends mon quart. Patrice m’annonce avoir détecté sur l’AIS un voilier de 7m qui lui a fait des signes lumineux. Il pourrait s’agir de signes de détresses mais le signal connu du SOS (long-court-long) n’était pas identifiable. Il pourrait aussi s’agir d’un « boat people » faisant route vers le Cap Vert mais la encore avec une telle mer il n’est pas évident du tout de se rapprocher pour vérifier. Il a essayé de communiquer par radio avec ce bateau mais en vain. Espérons que ce marin n’était pas en détresse et qu’il s’agissait seulement d’un moyen de signaler sa présence dans la nuit noire.

***

Nathalia : Matin, nous avons fait 160 milles en 24h ce qui nous donne une super moyenne de 6 nœuds et des poussières. Durant la nuit nous avons du décaler notre Cap en direction du Cap Vert car les vents ne nous sont pas favorables. Mais rien de définitif pour le moment. La première journée a été fatigante pour moi. Je n’ai pas pris de Stugeron© (médicament contre le mal des transport). Heureusement que nous avions préparé des repas en avance car sinon ça aurait été dur avec cette houle de se nourrir d’autre chose que des biscuits.

Nathalia : La seule chose que j’ai vue dans l’eau pour le moment est un bidon et son fil rouge accroché, sans doute à des pécheurs. Nous avons également repéré le kayak transatlantique que nous avions vu à la Estaca. J’ai juste réussi à voir quelque chose refléter la lumière. Quelle folie de faire ça !

Il fait beau mais le vent est beaucoup plus frais que ce qu’on a connu jusqu’ici, c’est bien le vent de l’anticyclone du Nord qui nous porte. Cependant, il n’est toujours pas situé sur les açores… Du coup, le vent n’est toujours pas en notre faveur pour continuer sur le Sénégal.

On mange avec Patrice des pâtes au pesto avec lentilles dans le carré puis discutons tout les 4 dans le cockpit alors que l’on fonce avec une pointe à 11 nœuds sur une descente de vague. Il n’y a personne à l’horizon jusqu’à 68 milles de nous, d’après l’AIS.

J-3, 23 décembre 2015

Nathalia : Je me suis réveillée à 7h40 pour aller voir le levé du soleil. Dans le cockpit il y avait Patrice et Michèle. J’ai pris une orange que je pelais en lançant les pelures à la mer. A peine terminé, je prends une morse et aperçois un aileron ! Patrice : « mais tu vois mal, tu as du voir une vague, il n’y a rien ». Je reste une minute à observer, l’eau était encore très sombre car le soleil n’était pas encore de la partie. Là, je les revois ! Ils nous suivent ! Je pose mon orange et cours crier à Vins : DAAAAUPHINS ! Je prends l’appareil photo et film le SPECTACLE ! Ils ont fait un saut immense devant la proue ! Incroyable. De nouveau des dauphins tachetés. La nuit, je demandais à Michèle et Vins si ils pensaient que les dauphins sautaient vraiment haut en dehors de l’eau. Ils m’ont répondu oui et aujourd’hui je l’ai vu de mes propres yeux avant nos premières 48h de navigation.

***

Vincent : Les dauphins disparaissent avec l’apparition au loin d’un chalutier avançant à toute berzingue. Tout de suite les théories sur les trafiquants de drogue et les pirates fusent et voilà que la peur s’installer alors que le bateau suit son cap à toute vitesse vers le Nord. La Mauritanie est proche mais il ne faut pas sombrer dans la paranoïa à peine l’on aperçoit âme qui vivent.

J’attend ma prochaine veille en écoutant de la musique et en lisant. Pour les quarts : On doit veiller durant 2h45 ce qui nous laisse libre durant 8h15 avant notre prochain quart. En 48h nous avons parcouru un peu plus de 300mn et notre vitesse moyenne dépasse toujours les 6 nœuds. C’est cool, le moral est au beau fixe quand le vent nous porte. D’ailleurs il est plutôt constant, soufflant entre 20 et 25 nœuds.

Nathalia : Un couple d’oiseaux nous suit depuis notre départ. A 128mn du nommé Cap Blanc, je m’approche des filières (« barrière » de sécurité autour du bateau) pour siffloter les oiseaux. Au même instant, une baleine surgit devant moi pour respirer. Je hurle « BALEEEEINE ». Vins et moi, avons juste le temps d’apercevoir son aileron avant de la revoir un peu plus loin faisant mine de s’en aller. Michèle accourt et nous sommes comme trois aventuriers en pleine observation des cétacés, mon rêve ! Trop rapide pour être photographié, elle refait pourtant surface à 3 mètres du bateau. C’est très impressionnant de s’imaginer des animaux aussi gros nous suivant. On voit la sonde de profondeur afficher 4m, 2m90, 1m90, elles sont justes en dessous de notre bateau ! Je n’oublierais jamais cette apparition majestueuse. Elles sont aussi en plein voyage.

***

Vincent : L’aprem continue, je fais une sieste et lorsque je me lève, nous sommes suivis par un catamaran. Pas d’AIS, mais on le prend en photo avec notre grand zoom et découvrons un drapeau Suisse. Natha ne résiste pas à la tentation et les appels à la radio sur le canal d’urgence. Se sont des Suisses Allemands qui se rendent comme nous à Sal. Le vent s’étant un petit peu calmé durant ces dernières heures, Patrice nous explique à plusieurs reprises que nous pourrions gagner un peu de motricité (ou vitesse) en montant le TANGON. Une sorte de grand tube en aluminium fixé sur le mât qui permet de tendre le génois dans une direction donnée. Peu avant le couché du soleil, nous faisons savoir au capitaine que si il souhaite mettre le tangon, nous sommes dispo et motivé. Regrettable erreur, on commence la manipulation et des bourrasques de vent me font décoller du sol. On le sort et l’accrochons tant bien que mal mais les bourrasques rendent la manœuvre vraiment dangereuse. On évite de se faire perforer le thorax de justesse puis décidons de le remettre en place (plus facile à écrire qu’a faire). Heureusement, plus de peur que de mal. On cuit du chou et mangeons tous ensemble dans le carré avant l’arrivée des quarts de nuit.

J-4, 24 décembre 2015

Vincent : Toutes nos belles pensées des prochaines 24h voyage vers notre famille et nos amis. Réveil, quart du matin de 7h à 9h45. Je découvre un long poisson mort sur le pont. Drôle de cadeau de Noël de la part de Poséidon ! Il ressemble à une sorte de serpent avec de grandes dents. Je finis un livre puis en commence un autre que je finis quasiment d’une traite. Michèle et Nathalia préparent une mousse au chocolat et de l’ananas pour le soir. C’est drôle de faire la cuisine en « jouant » avec les mouvements constants du bateau. Les bols sont dans l’évier et nous nous relayons pour battre les œufs en neige à la main. Le soir nous mangeons tous ensemble le fameux repas de Noël.

Nathalia : Il nous reste 248mn et le temps semble plus chaud, youpi ! Nous n’avons plus de problèmes dus aux mouvements de la houle. C’est un monde de fou qui bouge dans tout les sens, mais notre corps à une capacité d’adaptation incroyable. Après le repas, Mindelo est sous les étoiles et nous profitons de la clarté du ciel pour tenter de nommer les constellations, étoiles et planètes qui nous entourent. En observant méticuleusement ce spectacle sidérale on aperçoit la trace du traineau du père Noël et de son traineau disparaissant à l’horizon.

J-5, 25 décembre 2015

Vincent : Je prend mon quart à 5h du matin et rejoins Patrice qui a veillé toute la nuit, agacé par le claquement du génois souvent déventé par le manque de vent. En mâtiné nous tentons à nouveau de monter le tangon mais cette fois si avec une autre technique et de manière beaucoup plus tranquille. La bête en place, l’apport est minime mais le génois claque un peu moins. La journée se passe sans problèmes à signaler.

Sal, Cap Vert, 26 décembre 2015

Nathalia : « TEEEEEEEEERRE » ! Tout le monde a sursauté et quasiment frôlé la crise cardiaque. Je voulais sortir un peu l’équipage de son calme. Il est 8h du matin, il fait gris et l’humidité est élevée. Le ciel est rempli de nuages. Tout ce que nous voyons sur l’île en arrivant sont les monts volcaniques et terreux ainsi que les usines et citernes. Ça sent le pétrole brulé et l’eau est peu appétissante. A priori, pas de coup de cœur ici au contraire, mon petit cœur en prend un coup. Mais je sais aussi qu’il ne faut pas toujours se fier à sa première impression. Au moment d’affaler les voiles, nous sommes remplis de fierté et de satisfaction d’avoir parcourus tous ces milles nautiques (+ de 720) et d’avoir accomplis la première partie de notre projet de voyage. Nous lâchons l’ancre dans le port de la Palmeira et allons nous reposer de ces 5 jours de navigation non stop.

Vincent Weil

Jeune diplômé en management et tourisme à la HES-SO de Sierre en Suisse, je suis avant tout un voyageur insatiable. Mon rêve est de voyager à travers le monde paisiblement, au gré des envies et des rencontres afin de vivre de belles expériences. J'aime photographier et filmer nos aventures afin de concocter des vidéos pour ma chaîne Youtube/vincentweil et partager en récits et photos nos expériences sur notre blog de voyage Take-Me-Everywhere.com

3 Comments
  • Juan

    aller au plaisir de les entendre et de naviguer virtuellement

    25 janvier 2016at18 h 59 min
  • Ola amigos!!!
    Je vous ai bien lu jusqu’à la fin et vu la super vidéo avec Flo!
    Bravo, vos cahier de bord sont digne d’un film 😛

    J’aime lire ces vies différentes où on prend des risques, où on a peurs, où on est malade mais toujours heureux et aventuriers!!!

    Que le vent soit avec vous!

    Love you!

    P.S: Je me réjoui de la vidéo questions/réponses 😉

    25 janvier 2016at22 h 47 min
  • HOllaaaaa Amigos queridos!!!

    Fantastique article! On a adoré l’écriture en double carnets!!! Et la vidéo est amazing! Well done 🙂 Vivement qu’on se retrouve pour crier ensemble: « CHALEEEEEEET blblblblblb » ou « ROND POIIIIIIIIIIIINT »!!!!!

    Mil besos

    AVAN LOVE – ONE LOVE

    2 février 2016at18 h 30 min

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