Le syndrome de la chambre sale en voyage [Anecdotes]
Le syndrome de la chambre sale, en voilà un drôle de nom! Derrière ce terme inventé, se cache en fait, un processus psychologique très complexe qui touche certainement une grande majorité des voyageurs à petit budget, lorsqu’ils se résignent malgré eux, à baisser leurs standards habituels d’hygiène, afin de passer une nuit en guesthouse, à l’hôtel ou chez un hôte peu ami avec la propreté.
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Quel voyageur n’est pas passé par ces étapes lors d’un voyage au long court ? Ces étapes qui visent peu à peu à l’appropriation de la saleté et à l’accoutumance à la crasse d’autrui. Cela demande bien sûr, de se résigner, afin de passer la nuit la plus reposante possible dans un lieu encore inconnu.
Le premier jour de notre trekking au Népal (Tour du monde, 2009)
Etape 1. La découverte de la chambre :
Vous êtes heureux ! Vous avez enfin trouvé un hôtel pour la nuit proposant des tarifs imbattables ! Votre budget étant serré, vous avez recherché déjà un peu partout un lieu capable de concilier confort et budget, enfin plutôt… Budget et budget ! Avec un prix pareil, vous êtes aux anges. Vient alors la fatidique découverte de la chambre. Vous poussez la porte moite et découvrez une chambre exigüe, humide et qui sens le refermé. Vous faites un grand sourire approbateur à votre hôte, en vous maudissant intérieurement de ne pas vous accorder une nuit dans des draps de soie sentant la lessive.
Une des chambres la moins cher de notre tour du monde (Sri Lanka, 2009)
Etape 2. La conquête timide :
Voilà c’est fait, vous avez dit à votre hôte que vous restiez, et vous voilà seul dans votre nouvel antre. Tout le confort est là : un plafond, des murs, avec de la chance une fenêtre, un lit (matelas de 5cm posé sur une planche en bois), une chaise de jardin en plastique pour poser vos affaires et même un ventilateur crasseux au plafond ! Le temps de la conquête est arrivé, et vous posez précautionneusement votre backpack sur la chaise, qui, fut un temps, était blanche, et déballez vos affaires. Il vous est au départ difficile de vous asseoir sans frissonner sur le lit et cela même en portant un jeans super épais. Vous montez votre moustiquaire, sortez votre meat bag, préparez votre lampe frontale en cas de coupure de courant (plus que probable) ou de visite d’animaux surprises. Vous voilà fin prêt pour votre première nuit dans votre nouveau chez-vous temporaire.
Chambre chez l’habitant dans le sud de l’Inde (Tour du monde, 2009)
Etape 3. Demain est un autre jour :
Félicitations, vous avez survécu à votre première nuit. Alors oui, cela vous gratte un peu la tête, vous avez quelques piqures sur l’avant bras (sans doute des araignées !?) et vos habits, que vous aviez lavé la veille, sont encore plus humides qu’auparavant. Mais vous l’avez fait ! Aller hop, on se lave les dents avant de partir explorer le coin, et oooh incroyable, vous remarquez soudain, que vous êtes assis sur le bord du lit en sous-vêtement tout en vous brossant les dents et que cela ne vous dégoûte plus qu’à moitié…
Chez une expatriée Italienne au Cap Vert (2015)
Etape 4. La seconde nuit, la magie opère :
Après une grosse journée d’exploration vous voilà de retour dans votre repère. Exténué par les kilomètres parcourus, vous vous jetez sur votre lit et d’un seul coup, ce sont vos habits sales de la journée, qui vous dégoûtent de salir votre si beau lit. Aller hop, on balance aux 4 coins du lit ces habits, on branche le ventilateur qui envoie des moutons de poussière un peu partout autour de vous. On ferme les yeux et la bouche pour ne pas étouffer sous les mottes volantes, puis on sombre peu à peu dans les bras de Morphée, malgré les raclements de gorges intempestifs que vous entendez dans la pièce d’à côté (souvenir véridique).
Dans la fameuse chambre de Leonardo DiCaprio dans le film La Plage (Tour du monde, Thaïlande, 2009)
Etape 5. L’approbation de la saleté :
Durant la nuit, vous avez eu chaud et vous vous retrouvez nu sur ce lit, qui, il y a peu, vous dégoûtait tant. Eh oui, vous aviez beau avoir branché le ventilo pour passer la nuit tranquille, c’était sans compter les coupures de courant, qui au beau milieu de la nuit vous ont fait enlever les ultimes couches qui vous protégeaient d’un contact intégral avec ce lit crasseux, où tant de backpackers sont passés avant vous.
Cette chambre est désormais la vôtre. Vous, qui ne vous pensiez pas capable de dormir sans un meat bag ou tout habillé, vous voilà à apprécier le lieu intégralement nu sur le fin drap humide de cette chambre inconnue. Rien ne vous dégoûte plus, il s’agit de vos draps après tout. Il vous vient même à l’idée, de parler de cette bonne adresse dans votre blog de voyage, afin de la conseiller à vos compères de voyage. Eh oui, vous avez payé moins de 2 CHF la nuit et vous avez survécu. Alors oui, peut être que d’ici quelques jours des rougeurs apparaîtront sur vos bras ou que votre cuir chevelu vous démangera, mais ceci sera une autre histoire. Votre route continuera et le souvenir de cette chambre, si peu chère et finalement passablement confortable, restera avec vous à jamais, gravé dans la peau 🙂
Un bungalow rempli de scorpions sur une île du Nicaragua (Tour du monde, 2009)